L’impact des chaussures en carbone sur l’inflation des records de marathon : Kiptum, Lemma, Assefa
Une nouvelle norme dans le monde de la course à pied a émergé, principalement grâce aux chaussures à plaque de carbone. Depuis 2019, ces chaussures ont joué un rôle clé dans l’amélioration des performances chronométriques. Les classements reflètent cette réalité, avec Adidas Adizero Adios Pro Evo 1 en tête, suivi d’autres modèles adidas et de la Nike Vaporfly Next %. Cependant, il est important de noter que ces classements sont exagérés pour illustrer le phénomène.
Jean-Claude Vollmer, spécialiste du demi-fond à l’INSEP, affirme que depuis 2019, ces chaussures ont contribué à une augmentation significative des performances. Il est difficile de comparer les chronos actuels avec ceux d’avant l’avènement de ces chaussures. Vollmer admet que les modèles de 2015-2016 n’avaient pas été conçus en anticipant la possibilité de franchir la barrière des deux heures. Il estime que ces chaussures peuvent faire gagner une à deux minutes sur la distance.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Les chaussures Adidas pèsent 138 grammes, soit 40% de moins que leurs concurrents. Cela prouve que la domination de Nike sur le marché des chaussures de course n’est plus absolue. Stéphane Caristan, qui a observé l’émergence de ces chaussures, a également remarqué une réelle différence de confort pour les coureurs. Il affirme que la position du pied lors de la course varie en fonction du type de course et que ces chaussures offrent une propulsion incroyable grâce à une lame de carbone sous la semelle et une mousse d’air au talon.
Caristan compare les effets de ces chaussures à ceux d’une piste de tumbling en gymnastique, où certains athlètes réalisent des sauts sans effort. Sur des pistes rebondissantes, ces chaussures propulsent les coureurs dans le sens opposé de la poussée. Cela bénéficie davantage à ceux qui n’ont pas naturellement des pieds capables de rebondir. Les chaussures, qui sont plus hautes de 4 cm, allongent la foulée, prolongent le temps d’impulsion et évitent les microtraumatismes musculaires.
Les conséquences de l’utilisation de ces chaussures vont au-delà des performances brutes. Les coureurs bénéficient également d’une récupération plus rapide après la course. Auparavant, les coureurs devaient attendre quinze jours pour recommencer à courir ou même descendre les escaliers après un marathon. Maintenant, souvent dès le deuxième jour, ils peuvent trottiner voire courir à nouveau. Il est donc peu surprenant que des athlètes comme Kelvin Kiptum, qui a couru jusqu’à 250 km par semaine, attribuent en partie leurs exploits à ces “chaussures magiques”.